J’ai vu ce matin une vidéo d’une personne en train de danser comme une furie.
Au début, j’ai eu le réflexe de regarder, de me dire pourquoi cette personne danse…
J’ajoute que je regardais sans le son, c’est fou comme l’expérience est étrange…
Et puis une autre réflexion m’a traversée l’esprit.
J’ai toujours été attiré par celui qui observe, et non celui que l’on observe.
Je trouve que ça en dit long sur ce qui est observable, à deux niveau.
Cette prise de hauteur instantanée sur ce que nous voyons et ensuite sur ce que nous sommes supposés voir nous renseigne tout d’abord sur la mécanique du jugement, et puis sur notre propre mécanisme de jugement.
Quand je dis « jugement », je veux dire notre capacité à arbitrer intellectuellement une tentative d’explication personnelle sur les choses. Ce n’est nullement connoté (négatif ou positif)
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Décortiquer la pensée chez l’autre observateur pour mieux la décortiquer en soi.
Et puis une autre réflexion m’est venue, naturellement.
Cette personne qui danse a l’air tellement dans le « truc » que je me suis dit : attend, elle se filme avec un smartphone.
Cette mise en scène de l’insouciance ou du « lâcher prise » me met un peu mal à l’aise à vrai dire.
C’est un jeu d’acteur dans lequel la personne s’autorise artificiellement (du moins au début de l’exercice) à lâcher prise.
Peut-on programmer le « lâcher prise » et le préméditer ?
Et puis une énième réflexion s’invite à la table : pourquoi ce besoin de montrer aux personnes que l’on souhaite accompagner que l’on est soi même « guérit » et que l’on est épanoui en créant une scène artificielle pour « démontrer » quelque part notre légitimité à les accompagner…
C’est pour cette raison que la communication sur les réseaux sociaux est devenue plus compliquée : la multiplication de ces moments artificiels de « bonheur » a dissuadé énormément de personnes en quête d’épanouissement.
Elle leur fait voir cette tentative de légitimation ou d’exposition à un chemin de changement si artificielle, si fausse.
En somme, la personne qui appelle au changement se tire une balle dans le pied, et tire un balle dans le pied de toute personne qui essaye de faire les choses naturellement.
« Regardez comme je suis heureux, je danse chez moi devant mon smartphone, venez à moi je vais vous aider à danser dans la vie ».
Et puis une dernière réflexion (dernier convive) prend place en moi : théâtraliser le bonheur ne signifie pas que l’on est heureux.
Et c’est exactement ce que font les consultant qui souffrent en silence, avec un masque de bonheur et de contrôle.
Finalement, je me retrouve à observer trois personnes…
Moi, la personne qui danse et ce consultant qui observe cette danse, en se disant – surement – que la thérapie n’est pas vraiment pour eux ».
Même si ces expression de « bonheur » peuvent être (j’imagine) réelle et authentique, il y a une distance tellement énorme entre ce que l’on observe en tant que consultant en difficulté, et cette expression dans laquelle il est sensé se projeter, qu’il passe son chemin.
Cette expression est trop éblouissante, elle fait peur…
Du coup, comment exprimer son bonheur sans mise ne scène ?
Et bien…
Le bonheur ne se montre pas, il est observé.
Et si finalement cette petite expérience visuelle n’était qu’une observation de ce que n’est pas le bonheur…
Vous en pensez quoi ?
Ps : l’image qui accompagne le post est une image que j’ai générée via une application d’intelligence artificielle…
on rentre à pieds joints dans un monde d’illusion et d’artifice…